A la manière de...
Parce qu'aujourd'hui, tandis qu'un étoile décline doucement, une autre étoile est apparue pour la plus grande joie de sa famille et de pas mal d'internautes aussi.
Parce qu'aujourd'hui, malgré la tristesse j'avais envie de vous faire découvrir un peu de ciel bleu.
Parce que pour ce post, je le sentais comme ça, j'avais envie d'emprunter ce style à Madame L., parce que ça collerait bien à ce que j'avais envie de raconter...
Je ne me suis pas toujours appelée Mademoiselle V. Pendant 13 ans (la moitié de ma vie), je me suis appelée Mademoiselle B. Comme ma maman. Madame B., ma petite étoile de grand-maman, avait passé ce nom à sa fille, qui me l'avait passée en retour, parce que mes parents "vivaient dans le pêché" et qu'en Suisse, les enfants de parents non-mariés prennent le nom de la mère.
A noter que si en Suisse j'étais Mademoiselle B., en France j'étais Mademoiselle V., étant bi-nationale.
J'avais des initiales chouettes, A.B. J'étais en haut de la liste de classe. Je m'étais toujours appelée Mademoiselle B., c'était moi, point barre, je ne me posais pas de question. Mon petit frère c'était Monsieur B., et mon Papa Monsieur V. C'était comme ça, pour moi c'était complètement normal. Et à mes camarades de classe qui soutenaient que ce n'était pas possible, "on ne peut pas avoir d'enfants si on n'est pas mariés", je disais que si, j'en étais la preuve vivante.
Et puis on grandit. Et on change, on arrive dans un âge difficile, des changements d'école, des incompréhensions sur les choses des grands, comment ça on est plus des enfants, comment ça le monde est méchant, comment ça la vie c'est pas comme dans les romans?
Et puis un jour, Mademoiselle B. mère et Monsieur V. décident, un peu pour faire plaisir à Madame B., un peu pour faciliter l'achat d'une maison, un peu pour des raisons qui m'échappent encore, de se marier. Pas à l'église, non, là faut pas pousser, mais à l'Hôtel de Ville, avec signatures de papier, témoins, fête et tout le tsoin-tsoin. Et nous alors? Mon frère et moi on se regarde. On va devoir changer de nom?
Oui.
Pas le choix. Je crois que la loi a changé très peu de temps après, mais à ce moment-là, pas moyen. Nous allions devenir Mademoiselle et Monsieur V. Passer au bas de la liste de classe. Prendre un nom souvent écorché, parce que déjà pas évident à prononcer juste en français, mais dans d'autres langues on en parle même pas... Un nom qui appartient à ma famille, oui, mais pas le mien.
J'avais perdu mon nom. Je me sentais coupée en deux. Petit à petit, le sentiment s'est atténué, mais aujourd'hui encore je regrette mon premier nom. B. Ces deux jolis arrondis. V. Cette point agressive.
Arrivée à ce moment de ma vie où le passé quelque part nous rattrape et où l'on se pose tant de questions sur l'avenir, mon nom redevient un sujet brûlant pour moi. Alors? Que faire? Tenter de le rechanger? Et si cela m'est refusé, comment vais-je réagir? Ou alors me marier à mon tour et prendre le nom de mon Monsieur R. de Petit Roux? Mais je n'aime pas plus la sonorité de ce nom en R. que de mon nom en V...
Tout s'embrouille pour le moment. Mais il reste une amertume et une tristesse de petite fille qui du jour au lendemain a dû signer ses rédactions V. plutôt que B.