12 nov. 2010

Un an sans nouveaux vêtements - ou l'ecœurement commercial

Vendredi prochain, petit bilan de mi-parcours du projet "un an sans nouveaux vêtements". Mais pour aujourd'hui...

J'ai remarqué que j'ai de plus en plus de peine à faire du shopping. Dans les grands magasins en tout cas. Trop de choix. Vraiment beaucoup trop de choix. Partout où se pose mon regard, je trouve des articles chouettes. Puis après je réfléchis, et je me rends compte que je n'ai vraiment pas besoin de ça. Il y a deux secondes, je ne savais même pas que cette chose existait. Je n'en avais donc même pas envie. Alors pourquoi, pourquoi toutes ces nouvelles choses m'attirent à ce point-là? Faut croire que les publicitaires font bien leur boulot.

Mais cet étalage de marchandises, de nourriture, de vêtements, d'articles de déco, et autres me fout le tournis. Il y a tellement, tellement de produits en vente partout, outre la difficulté de faire un choix, j'en viens à me poser de drôles de questions:

- Pourquoi produire autant? Est-ce que tous ces articles vont vraiment trouver preneur, ou alors la majorité va passer à la poubelle?

- Que se passerait-il si les vêtements étaient mis en vente à leur prix réel (c'est à dire si on avait payé un employé selon le nombre d'heure nécessaire à la production de l'habit au salaire moyen d'un ouvrier dans notre pays)?

- Pourquoi ai-je le choix entre de l'ail qui vient d'Espagne ou de Chine? Ya plus d'ail qui pousse en Suisse?

- Depuis quand Noël est devenu à ce point-là mercantile? Où est passée la magie? Comment se ré-approprier cette fête pour moi qui suis athée, quel sens lui donner?

J'en passe et des meilleures... Aujourd'hui, le point culminant de cet écœurement a été atteint lorsqu'à la caisse de H & M (pour acheter un manteau à ma Demoizelle), j'ai vu ça:



Et j'ai eu envie de m'asseoir là, et de pleurer. C'est quoi cette action pseudo-humanitaire juste pour se donner bonne conscience, juste pour donner une belle image de cette marque? Est-ce que H & M ne ferait pas mieux de juste rémunérer correctement tous ses ouvriers, et ce aussi chez ses sous-traitants? Je n'ai pas eu le temps de vous parler de la campagne Clean Clothes "Un salaire de subsistance pour tous" de la Déclaration de Berne, qui a eu lieu durant le mois d'octobre. Je vous conseille vivement d'aller faire un tour sur leur site, les exemples des agissements de certaines marques et usines sont édifiants. Il y a eu aussi cet article dans le Libé quelques semaines auparavant, très complet, et plutôt déprimant, sur les conditions de travail des ouvrières textiles en Inde. Oh my.

Des fois je me dis que la tâche est trop énorme. Comment faire pour changer les choses? Je me sens si petite.

Et puis je reprends espoir. Faut dire que je suis plutôt quelqu'un d'optimiste. Je reste intimement persuadée que si chacun fait quelque chose, cette accumulation de petits gestes peut tout faire changer. Et ça me motive quatorze fois plus pour mon projet de Comme une taupe!

9 commentaires:

Marie a dit…

En Belgique, il y a des supermarchés (qui sont déjà grands) mais très peu d'hypermarchés comme en France. Il se fait que la maman de l'Amoureux habite près de l'un de ceux-ci... et que forcément les petits ont disparu. Quand on va là-bas, j'étouffe, je me sens écrasée par ces milliers de biens, produits industriellement, des chaussures aux œufs, en passant par les fruits et les pains. Même l'odeur m'accable.

Ce qui ne m'empêche pas de me rendre compte que j'achète beaucoup (trop) de livres, que j'adore une marque de fringues belge et que toutes leurs fringues sont "Made in China" ou autre.

Et puis tout est fait pour qu'il n'y ait que cette solution-là. Venir en voiture, la remplir à ras-bord. That's it ! Les alternatives sont coûteuses en temps et on presse le citron au maximum. Aller à contre-courant et faire des choix...

A Luxembourg, en 2007, il y avait eu une expo assez chouette, qui montrait notamment la fabrication d'un jean, pas à pas, avec les transports pris par chaque composant, fil, bouton, couture. Impressionnant.

Et je plussoie ta conclusion !

tante betsy a dit…

j'adhère totalement à tout ce que tu nous dis là. il fallait quand même le dire!!
Bises

Fée la photo a dit…

Je suis aussi persuadé que si on fait chacun un peu on arrivera à changer quelques choses.L'éducation commence tôt donc donnons un bon exemple à nos enfants.

Marylène a dit…

Jeudi passé, j'étais aussi chez H&M... Même réflexion que toi et suis partie sans rien (mais ma foi, je le sais bien que je vais y retourner. Je minimise un max; on a pu récupérer de jolis lots d'habits mais y a besoin de compléter un (tout petit) peu. ouf. Ton projet me fait encore plus réfléchir et m'aide à m'améliorer. Bien à toi et chapeau pour tous ces mois déjà accomplis

Sautdepuce a dit…

Jolie découverte ton blog...tes idées rejoignent les miennes en matière de (sur)accumulation et (sur)consommation. Cela fait maintenant quelques semaines que j'ai sérieusement commencé le désencombrement à la maison et dans ma vie. C'est un long chemin, mais ça fait un bien fou et nous recentre sur l'essentiel. Et on a une maison plus grande sans travaux ;-) A bientôt. Bizz

FreD a dit…

et on te suit dans ton projet, of course8

Alisabel a dit…

et bien moi c'est simple : je n'achète plus rien de neuf (hormis chaussettes et sous vêtements) . Je fais les vide greniers, je rachète des lots, je récupère, ou je couds moi même .

Une fois que tu as pris conscience du gros problème que tu décris, avoir des nouveaux vêtements n'a aucun intérêt.

bon courage pour ton projet, car même dans le tissu bio, il y a des pratiques très discutables...

Anonyme a dit…

J'ai relu ce billet à plusieurs reprises en hésitant à commenter parce que je me sens un peu à côté de la plaque par rapport à ce que disent les autres. Toutefois, mes questions demeurant, je me permets de les poser même si elles sembleront peut-être bêtes.

Je comprends bien les enjeux sous-jacents et ne viens pas pour critiquer, loin de là.
Cependant, quand je me regarde et observe mes pratiques, je suis perplexe. La conciliation me semble impossible : je touche un salaire minimum, dois comme tout le monde payer loyer, factures et nourriture, plus un permis de conduire ruineux dont je me passerais volontiers (si le vélo suffisait, je serais heureuse) mais qui est malheureusement indispensable pour espérer trouver du travail dans ma branche.
Certes, je pourrais consommer moins (le budget restreint joue déjà beaucoup), mettre une envie de livre, d'objet déco ou de joli vêtement entre parenthèse, me raisonner sur certains désirs d'achats pas forcément nécessaires.

Mais comment consommer bio et éthique ?

Pour la nourriture, j'ai fait le test, vu les prix et mon budget, et c'est tout simplement impossible. Tout ce que je peux faire, c'est choisir des fruits et légumes de saison, de production locale autant que possible.
Concernant le vêtement, je suis convaincue par le bien fondé des matières naturelles depuis des années, mais confrontée au problème du coût encore une fois. Il y a une boutique à volonté bio et éthique près de chez moi, avec des belles coupes et matières, mais sincèrement, à 40 euros le tee-shirt, qui peut s'habiller de manière intégralement respectueuse ? (A moins de savoir coudre, ce qui n'est pas mon cas, c'est vrai...)

Par rapport aux autres commentaires, j'ai l'impression d'être dans une impasse. Je manque peut-être d'expérience et de recul, mais c'est perturbant.
En tous cas, je serais vraiment intéressée de voir ce qu'il est possible de faire à un petit niveau personnel avec des contraintes. Peut-être n'ai-je tout simplement pas encore assez ouvert les yeux et qu'il y a des actions même modestes, pour débuter, que je n'ai pas perçues... ?

Mélusine

Marie a dit…

@ Mélusine : J'ai vécu pendant plus d'une année avec un mi-temps misérable... Du coup, du côté des bons plans, j'ai été du côté des paniers bio (13 euros à Bruxelles pour des fruits et légumes, en couple, on tient 2 ou 3 semaines), du seconde main pour les vêtements et les livres. Il existe aussi le système de FreeCycle, des groupes où tu t'inscris et les gens donnent des choses, ça peut aller de graines à partager à un canapé, en passant par un vélo ou des livres.

Et puis, je pense que, comme tout le monde, ce sont des petits pas à faire et apprendre, petit à petit, dans la mesure de ses moyens...

Belle fin de journée !